[Expérience] Création de sort, Huitième cercle
Post by Galgarad, CP - August 7, 2008 at 12:16 AM
Cela faisait déjà plusieurs jours que la (http://www.au-crepuscule.com/forum/viewtopic.php?f=39&t=23185) qu'il avait envoyé porter par un Aspirant à l'érudite Rimbaldi était partie. Elle aurait dû répondre, se manifester, ou encore balayer ce projet farfelu du revers de la main. Mais rien, aucune réaction, aucune lettre, aucun mot d'encouragement ou de découragement. Rien. Mais la création de ce sortilège, de l'ultime sortilège d'attaque ne saurait être freiné par un manque de temps d'une collègue. Surtout que les enjeux présents, avec la hausse des activités nécromantiques, étaient à présent trop grands. Cette lutte devait avoir lieu, et il serait certes mieux pour la Confrérie d'avoir tout le savoir et tous les outils nécessaires à leur victoire..
C'est ainsi que Galgarad se rendit, armé d'une copie de sa missive pour l'Érudite Rimbaldi, de son Grimoire et de sa besace où il avait fourré une bonne quantité de réactifs, au laboratoire secret. Ce lieux même où ses illustres prédécesseurs et autres membres influents de la Confrérie, dont le Magistère Saël et la Sage Vespari, avaient créés les sortilèges de toute pièce, usant de stratégie et de leurs connaissances. Ils avaient créés des sorts de base, certes, comme Vision Nocturne et création de nourriture, mais également des sorts incroyablement pusisants, comme la Colonne de Feu et l'invocation d'élémentaux. Certains d'entre eux, il ne savait plus lequel, avait même su tromper la mort, et agir contre la volonté des Dieux en ramenant des êtres décédés à la vie. Certes, ce lieux avait vu être créés de grands sortilèges, et le Gnome avait la ferme intention de répéter l'exploit.
Galgarad se rendit au fond de la pièce, installant ses effets sur un comptoir laissé vacant. Il aligna les ingrédients sur ce comptoir, en une ligne bien droite, et plaça son grimoire devant lui, ouvert, aux sortilèges du huitième cercle. Son éternel calepin rouge était aussi ouvert, à la droite de son grimoire, aux dernières pages écrites. Tous ces gens qui l'avaient vu noter des choses dans cet éternel calepin, dans l'Académie même, ou encore chez Julien, ne se doutaient certainement pas de l'importance des notes et des observations que le Commandant consignait sur ces feuilles. Mais ils sauraient bientôt que la recherche magique est une chose bien sournoise, que l'ont ne voit que très rarement au grand jour, mais qui permet à ses créateurs d'accomplir de bien grandes choses, d'éradiquer le mal, ou de le faire, selon les desseins intrinsèques de chacun. Le gnome relut premièrement ses notes et la missive envoyée à Nadeige.
Ses notes et observations indiquaient que le sort manquant se devait d'être un sortilège d'attaque, englobant les pouvoirs d'attaque des cercles inférieurs. C'était en fait le but de chaque sort du huitième cercle. C'était logique, très logique. Les élémentaux étaient la somme des sorts de chaque éléments. Le Démon la somme de la Mort, et la Résurrection, son inverse. Il ne manquait qu'un sort d'attaque, le puis puissant de tous, qui aurait une portée plus grande qu'un sort d'attaque conventionnel. Hochant lentement du chef à la lecture, comme pour valider sa logique de pensée, Galgarad mentionna l'élément choisi, dans un murmure a peine audible :
- Terre
Ce serait la Terre, sans aucun doute. Le vent serait trop faible pour un sortilège d'attaque qui se devait d'être le plus destructeur. Le feu, quant à lui, n'est présent que très rarement sur le terrain, donc utiliser l'énergie magique du mage pour en créer une telle quantité relèverait de la folie. Les ras-de-marée étaient, eux aussi, balayés de la main. Il faudrait se battre sur un Océan pour posséder suffisamment d'eau pour le produire. L'énergie était elle aussi inutilisable, car trop éparse pour être efficacement canalisée. Il restait donc la terre. Et c'est sur elle qu'il essaierait.
Maintenant, comment la terre pouvait-elle créer suffisamment de dommages pour être le sort d'attaque ultime? La main de Galgarad caressait sa barbe machinalement, alors qu'il réfléchissait. Des stalagmites? Non, certainement pas.. Il faudrait trop de lucidité pour pouvoir canaliser autant d'énergie sur des cibles précises. Mais comment pouvait-elle infliger des dommages? En bougeant? Non ce... Non? Et si la terre se dérobait de sous les pieds des adversaires? Si elle bougeait si rapidement qu'elle ferait tomber les ennemis sur leur séant, si des crevasses se déchiraient en son sein, engouffrant les opposants et les écrasant par la même occasion? La main du Gnome cessa à ce moment de caresser sa barbe, et un mince sourire vint illuminer son visage. Il avait trouvé.
La main qui était a présent immobile sur la barbe fournie du Commandant vint se poser sur la table, en même temps que sa compagne. Le regard perçant du Gnome fixant a présent les ingrédients. Ces huit objets naturels, à première vue totalement inutiles, cachaient, étonnamment, de grandes propriétés. De la cendre, de la mousse sanglante, même des racines.. La vue de ces objets inertes sur la table fit un moment sourire Galgarad. "Des plantes et des perles, rien de bien effrayant", se dirait un badaud. Mais la puissance qui s'apprêtait à émaner de ces choses était pour lui, et tout ceux qui en connaissaient les vertues, fascinante. Et il ne tarderait pas à en faire l'expérience. Le mince sourire qui découpait le visage enjoué du Gnome fit enfin place à une mine sérieuse. Il était temps de déterminer les ingrédients qui seraient nécessaires à la création du sortilège.
Mais que voulait-il accomplir? Des dommages, beaucoup de dommages. Mais indirects, donc les perles seraient inutiles. La belladonne également, un aspect curatif ou empoisonné ne donnerait rien à la manœuvre. Mais un canalisateur, une substance qui pourrait libérer l'énergie du magicien, serait des plus utiles. Il prit donc une racine de Mandragore dans sa petite main. Ensuite? Il faut procéder par logique... L'énergie libérée doit être couplée à la force de la terre, sinon toute tentative serait vaine.. Sa main se dirigea vers un tas de racines de Ginseng, et s'en saisit d'une. De la mousse, de la mousse sanglante pour adoucir les transitions énergétiques. Ses yeux parcouraient à présent les ingrédients restants à une grande vitesse. L'esprit du mage tournait à plein régime. Puis, soudainement, le même sourire fier vint pourfendre le visage crispé du Gnome. Avant même qu'il ne s'en aperçoive, sa main s'était saisie d'une poignée de cendre sulfureuses. Sans doute s'était-elle souvenu de la puissance brute que libèrent ces cendres..
Galgarad recula alors de quelques pas, ingrédients en main, et parcouru la pièce du regard. Elle était suffisamment solide. Et même si des bris devaient survenir, ils auraient été nécessaires. La lutte à l'art Noir doit être menée, quoiqu'il advienne.. Bien des gens avaient récité le Serment d'entrée, mais bien peu s'en étaient réellement soucié. Ce ne serait certainement pas son cas. Il avait alors les ingrédients, et l'idée théorique du sortilège. Restait la partie pratique : découvrir les mots de pouvoirs. Chacun des mots avait sa signification. Et le Gnome connaissait chacun d'entre eux sur le bouts de ses doigts. Il procèderait comme pour les ingrédients, par déductions logiques. Il voulait créer un mouvement. Deux mots, simple formule, avec les bons ingrédients, et le résultat serait là.. Quoique l'excitation le dévorait de l'intérieur, Galgarad prit un air sérieux. Il prit une grande respiration, et prononça les mots de pouvoir d'une voix grave et caverneuse :
- In Por !
Comme il l'avait prévu, la mandragore et le ginseng se fondirent en une masse chaude et informe, libérant d'une part l'énergie du magicien et la couplant d'autre part à celle de la terre. Et les cendres crépitèrent quelque peu, au contact de la forme incandescente des racines, et une secousse se fit sentir. Mais ce n'était pas celle qu'attendait le Gnome. Quoiqu'il fut protégé par l'aura de l'incanteur, le Gnome ne sentit par venir la puissance secousse qu'il attendait. La pièce ne fut en fait secouée que d'un tremblement infime. Seuls quelques parchemins sur les comptoirs voisins furent suffisamment déplacés pour se retrouver au sol. Puis, plus rien. En ouvrant la main, Galgarad s'aperçut que la mousse sanglante n'avait même pas été sollicitée. Seul un tas de poussière noircie et une mousse tout a fait intacte s'y trouvaient. Puis, le Gnome ouvrit grand les yeux. Comment avait-il pu être aussi bête! Depuis le début du processus, il se targuait de vouloir créer le sortilège d'attaque ultime! Et il n'avait prononcé que "In Por", sans l'amplificateur magique! Il s'empressa alors de reprendre une racine de Mandragore, une de Ginseng et une poignée de poudre, qu'il joignit à la mousse intacte. Comme la première fois, il prit une grande respiration et récita la formule d'une voix caverneuse, qui se répercuta quelques fois en écho sur les murs de la pièce :
- In Vas Por !
À l'instant même où les mots sortirent de sa bouche, tous les ingrédients, la mousse comprise, furent joints en une boule énergétique incroyablement chaude et lumineuse. Puis, aussi soudainement qu'elle s'était formée, la sphère d'énergie produit une déflagration monstre. Toute la pièce fut alors prise d'un tremblement incroyablement intense. Le sol s'ouvrit à plusieurs endroits, laissant entrevoir les entrailles de la terre, et la totalité des parchemins de la pièce furent projetés au sol. Même en étant celui qui incante, Galgarad eut de la difficulté à demeurer sur ses jambes, tellement la secousse était puissante. Puis le tremblement cessa aussi brusquement qu'il était apparu.
Haletant, le Gnome parcourut la pièce du regard. Il était stupéfait de la puissance qu'il venait de libérer. Si ce n'était de l'état de dévastation des lieux, il n'aurait même jamais cru pouvoir infliger autant de dommages à un endroit. Il se redressa alors quelque peu, se réalisant soudainement qu'il venait de détruire la salle des parchemins.. Mais alors qu'il allait lancer un juron, quelques parchemins sortirent très lentement, flottant doucement, des crevasses du sol. Ils se dirigèrent sans hâte vers leur piédestal, et alors qu'ils virevoltaient joyeusement, remplissant la pièce, les crevasses au sol et sur les murs se refermèrent, dans un grand bruit sourd. Toute la magie qui avait été nécessaire pour la création de cette pièce avait, d'elle même, réparée les dégâts. Galgarad secoua la tête, un mince sourire aux lèvres, et s'empressa de noter ses découvertes sur son éternel calepin rouge. La Confrérie serait, dès alors, mieux armée face à l'ennemi..