Entre vie et mort (kitoku)

Entre vie et mort (kitoku)

Post by Cyriel S. Selaquii, Adc - August 24, 2009 at 7:21 AM

Le Kitoku... Cet état qui se définit, en langue commune, comme l'état entre la vie et la mort. Outrepassant les frontières de l'agonie, ce terme définit aussi la vie par delà la mort, ou la non-vie, celle des morts-vivants.

Les morts vivants, purement éthérés ou encore ramenés dans un corps quelconque pour les occuper, âmes n'ayant encore été rappelées par personne.

Les nécromants de chez moi recherchent cet état privilégié. Il s'obtient souvent en buvant une mixture savamment préparée, qu'on nomme ici Ciguë. Il permet de communier, de faire corps avec les esprits, d'en devenir un soi-même, une âme errante à la rencontre d'autres âmes errantes. Avant d'être ramené en son corps, nimbé de ses pouvoirs, l'expérience étant trop brève pour occasionner des dommages permanents, comme si l'âme eut avancé vers l'Outre-Monde et les Dieux qui l'observent.

Aurais-je pu me douter de l'existence de Kitoku fortuits? L'épisode du volcan aurait peut-être pu m'évoquer quelque chose, épisode où, spectre, j'avais erré jusqu'au temple, avant de réintégrer mon corps agonisant et souffrant. J'avais pourtant songé au voyage astral, à un rêve d'un corps trop pétri de douleur.... J'avais tort.


Esméral et moi-même courrons dans les marais. Nous ne prenons pas gare à la boue qui nous macule en entier. Des lianes gigantesques jaillissent vers nous, émergées de l'eau, d'on ne sait où, et nous cinglent comme des fouets. Je cours sans avoir de cesse, nos voies se séparent mais nous n'y pensons pas. Des créatures partout, surgissent des ténèbres épais de la nuit et vont vers moi. Grondements, grognements, râles, couinements et bruits aqueux.

J'esquive, je m'échappe, je cours dans la fange en laissant un sillage épais et boueux derrière moi, la trace de mes pas enfouis dans l'eau trouble.

Un esprit des lames, puis deux, pour me garder. Ceux-ci vont d'une part, d'une autre, lascèrent ce qui pourrait troubler ma sérénité, alors que devant moi s'étend la mer, que je me tiens sur un semblant de sol ferme. Et j'avance. À la recherche de celui que j'ai égaré.

Et j'avance, quand alors des ténèbres charbonneuses surgit une lance. Je ne sentis rien, ou si peu, que mon flanc cédant sous son impact, celle-ci tenue en hauteur par le sauvage monté, me fit immédiatement sombrer.


**EeyAaH-AhnN-ihh. EeyaAh-Tsanh. Uahyeeh... **

Le chant du shaman me mystifie. Il danse, son corps nu couvert de chaux se mouvant lentement dans la pale lueur des flammes, qui par delà le voile de la mort me semblent fades. Un masque, évoquant presque un masque de Nô, recouvre en entier son faciès. Comme un insecte attiré par la flamme, je viens à lui, parmi d'autres. Parmi ces autres, je reconnais Esméral.

À lui je me lie, comme ce devait être. En cet état ou la parole ne peut être, des filaments nous lient l'un à l'autre, tirés de nos deux éthers.

Nous observons un instant, alors que le shaman des sauvages interrompt son chant, interrompu inopinément par le guerrier qui montre sa lance, nimbée de mon sang obscur.

Interrogeant, craintif, son shaman qui, par delà son masque, en reste certainement didubatif, alors que l'homme pointe une écaille bleutée demeurée sur la pointe de sa lance. Issue de mon corps, de mes greffes, masquées par le tatouage.

Nous profitons de cette distraction pour errer, flottant au dessus des eaux et des créatures meurtrières ignorant ces brumes, ces feux follets tirés des miasmes fétides du marais.


Les catacombes. Quelle fascination pour un nécromant, particulièrement en état de Kitoku. Que dire de deux âmes de nécromants, liées par un filin léger leur permettant d'échanger impressions et semblants de paroles, dusse-t-il leur état être fortuit...

L'errance fut longue, dans les catacombes. Une des âmes fascinées fit arrêter l'autre pour un détail, un démon, une fresque, une créature, un golem, un troupeau de troll, pour un oui et un non.

Au cours de leur immatérielle visite, il leur fut donné de visiter la chambrée d'une liche. La créature, en main, tenait son grimoire, farfouillait dans ses ingrédients de ses mains osseuses. Soudain, elle en vint en un craquement à relever la tête, chercher de ses orbites vides. Un instant, comme si elle eut pu sonder la pièce apparemment vide. Longuement, son faciès momifié fut tourné vers les deux âmes, sans qu'elle n'eut cherché à leur parler... Pourtant de son doigt osseux, elle écrivit sur la tablée, à même la poussière, un mot, un nom peut-être :

Saelan'Daerhu.


Peu après, leur chemin croisa celui d'un dragon osseux, une oeuvre comme la Luciole désirait produire. L'émotion transpira des deux âmes unies, en cet instant ou la créature nécromantique s'avança, poussant un râle d'outre tombe et déployant de vastes ailes où ne subsistaient que de vagues bouts de chair.

La Luciole eut un regard en arrière, pour la salle où logeait cette liche flétrie par le temps.

Ils flottèrent, par delà les marches dressées, pour trouver, assis sur un trône, un semblant d'homme aux yeux luisant. Il évoquait les gardes du domaines Eringyas. Formés pour allier à la fois le ballet du sabre et l'Art Sombre. Chose que peu savaient faire, hormis s'ils avaient eu adéquate éducation. Le Seigneur des lieux ne leur consentit pas un regard, malgré que les âmes mortes des deux nécromants eurent payé leurs respects. Les avait-ils vus... ?


Les âmes communièrent précipitemment, une fois sorties, partageant idées, songes. Quelle belle initiative serait-ce de transiger le savoir de fabrication de golems, que détenait la communauté des morts? Quelle belle idée serait-ce de former alliance avec le Seigneur de cette cité morte et entre la communauté des Ombres?

Une décision fut prise, on négocierait la chose comme en T'Sen, entre deux clans. Comme prévu avec la communauté Jukas. Il faudrait donc prévoir arguments et présents. Et le souvenir du nom de la liche, pont si mince, filin entre les deux mondes qui permettrait peut-être de communiquer.

La Luciole transmit son désir à Esméral, de préparer un rituel afin de parvenir de nouveau au Kitoku. Pour aller négocier.


Le réveil fut pénible, réintégrer les corps boueux, sommairement pansés, qu'un paladin avait récupéré, et qui sursauta de stupeur en les voyant éveillés. Le retour en ville fut douloureux, honteux même vu leur sinistre apparence de cochons fangeux. Mais leurs esprits étaient plus riches d'un savoir, d'une expérience, d'une idée, ce qui prévalait sur la douleur et la honte de l'instant...


Post by L'Anémone; Gdo - August 24, 2009 at 7:39 PM

Les deux silhouettes se suivaient telle une ombre unie côte à côte dans ce marais informe et puant ou diverses lianes les entouraient de léger filament telle une toile d’araignée.
Nombre était les fois ou ils furent victime de glissement de terrain ou glissade incontrôlé qui les faisaient s’enfoncer de quelques centimètres dans cette boue nauséabonde, mais en rien ceci ne les arrêta dans leur quête de trouver ce mystérieux palais.

À l’affût du moindre bruit les deux êtres semblaient se soucier plus de leur comparse que de leur propre personne, sans doute est-ce grâce à cela qu’ils purent éviter maint piéges que leur réservait le marais et leurs habitants.

L’alchimiste avançait avec difficulté dans ce champ obstrué par bout de végétation et divers monceaux de bois qui flottait ici et là, mais il avançait sans se plaindre, pour elle, pour eux.

Ceci pouvait être une simple ballade à la romance étrange nuancée d’une mélodie de grognement et de bruit inquiétant mais cette courte illusion pris fin dès l’apparition soudaine d’immense tentacule surgissant de la terre vaseuse, l’érection prématurée de ses tentacules couverte de souillure provoquèrent une panique dans le marais autant pour nos protagonistes que pour les habitants de ce lieu.

Effectivement nos deux entités habituellement si unies et fusionnées eurent le réflexe le plus primaire qui aurait pu avoir lieu dans une telle situation, l’instinct de survie.

Tous deux prirent un chemin différent pour fuir la multitude de choses abominables qui surgissaient de la pénombre des marais ou encore de la vase même, il ne fut à peine que quelques secondes pour que l’alchimiste puisse se rendre compte qu’il avait abandonné la luciole et risqua un regard derrière son épaule pour s’apercevoir que de multitude tentacules se dirigeaient vers lui.

Son seul réflexe fut de lancer des potions d’explosions sur ses choses, provoquant ainsi d’énorme éclaboussure ainsi que de petite marée lui donnant un petit gain de vitesse non négligeable vu comme il était enfoncé dans cette vase. Bientôt il n’avait plus que son torse à l’air libre, le reste semblait absorbé par les marais, et plus rien.

Plus rien oui, plus de signe de vie des tentacules, un silence de mort angoissant planait dorénavant en ce sombre endroit, seulement quelques crie lointain était perceptible, mais il ne savait si c’était de provenance humaine ou non.

Son seul salut était cette fébrile liane qui gisait non loin de là, à peine eut-il le temps de la prendre qu’il avait compris son erreur. La liane s’entoura autour de son bras d’une rapidité apeurant, ses pieds étaient eux aussi pris au piége, seul un cri désespéré sortie de l’anémone lorsqu’il fit emporté sous la vase.

(…)

La sensation de légèreté, d’évaporation, sa vision n’était point troublé mais il ne vit pas pour autant son corps en son état normal, en était-ce finit de l’Anémone ? Son premier réflexe au vue de ses nouveaux pouvoirs de vaquer sans craindre de subir autres blessures fut de la retrouver.

Son voyage se finissant dans le camp de sauvage qui habitait ses terres infâmes il ne pus que se résigner à observer les mœurs étranges de cette.. civilisation.

Peau étendue, rituel étrange, partage de nourriture, cette communauté avait sa hiérarchie, ses mœurs, ses codes tout comme Systéria. Le frisson parcourra un instant cet être désormais éthéré, un frisson surprenant suivie d’une présence que sa forme diaphane accepta sans montrer once de rejet, c’était Surumë.

Formant à présent tous deux un seul être fantomatique et s’être échangé sensation agréable quant à leur retrouvaille, ils continuèrent collé l’un à l’autre par des liens d’effluves leur chemin.

(…)

Ne sachant pourquoi Esmeral fut attiré vers ce lieu ou Surumë ne pus faire que le suivre, il arrivèrent tout deux aux catacombes. Un lieu fascinant ou une ambiance torturée et oppressante régnait en maître.

Leur errance les conduisit à plusieurs endroits plus intéressant les un que les autres, tous deux purent remarquer qu’une hiérarchie siégeait aussi au sein du monde des morts-vivants ainsi qu’une société, qui disposait certains individus à fournir leur savoir faire aux dépend de leur communauté ainsi arrangé. Des Golems pour forger des armes à des squelettes qui semblaient garder ses lieux ici et là, des mages qui confectionnaient des golems d’os et de chair, etc.

Une des plus grandes rencontre fut sans aucun doute celle du dragon squelette, la luciole en fut profondément touchée, sentiment que l’anémone eut tout le loisir de sentir au tréfonds de son âme et partagea ainsi une joie sans égal en ressentant cette sensation, même affirma t’il qu’il voulait l’accompagner à terme a ce projet tellement en fut-il touché.

Luciole lui partagea ainsi l’envie de créer un rituel permettant de prendre cette forme en étant plus matérielle et pouvoir ainsi communiquer avec les démons et autres esprits habitant ses lieux. Bien entendu l'anémone se proposa pour une quelconque aide.

Un tel rituel permettrait sans doute de parler au maître des lieux. Une créature humanoïde émanant une aura malsaine couverte d’une plaque d’ombryque et d’une hache affûté, comparable aux gardes de l’île de la lueur.

(…)

Le retour à la réalité et au corps fut très douloureux, son corps a été récupéré par un paladin qui avait entendu tout le remue ménage du marais et a pu sauver le corps de notre ancien Clerc.

La journée se solda par un bon bain bien mérité et de maint projet àç la tête qui devant se réaliser quoi qu’il arrive.