Seul
Post by Passeur d'Âmes, GdO - May 5, 2011 at 12:39 AM
Lorsqu'on est un enfant, la solitude est un sentiment hors de la portée de comprendre. On n'a pas la raison pour comprendre comment on a pu en arriver là, ni les outils pour s'en sortir. On se sent abandonné, trahi, oublié. On se méfie même des quelques généreux passants qui nous donnent un morceau de fromage, un fruit ou quelques piecettes, mais on a pas le choix. On accepte et on montre, le plus possible, de reconnaissance.
C'était le cas de ce jeune humain. Il traînait en basse, dormait là où il pouvait et cherchait les différents abris de la pluie et du froid. À peine âgé d'une décennie, il avait la maturité et la persévérence d'un grand homme, mais les moyens d'un pauvre mendiant. On le voyait traîner, parfois, devant les tavernes avec sa petite tasse en terre cuite. Un jeune homme sans passé, sans histoire. Ceux qui y déposait de la monnaie entendait retentir la pièce, aussi seule que son nouveau propriétaire, au fond de la tasse. Puis le jeune homme s'efforçait à retourner un sourire, rien de bien convainquant ni sincère.
Cela faisait déjà quelques mois. Le Passeur le traquait, à son insu. Il surveillait ses aller et retour, les différents endroits qu'il s'abritait et analysait sa routine. Les quelques personnes qui voyaient rôder le Passeur ne se souciait peu de ses intentions. Toute la basse savait qu'il était plus sage de se mêler de ce qui les concerne, sans quoi ils seraient vite devenus un corps qui repose dans le crachoir à la sortie de la Rose Cendrée.
Le Crépuscule s'installait petit à petit et l'héritier du mauvais sort n'avait pas encore eût la moindre bouchée. Ce soir là, il avait chosi la taverne Chez Khaz'Burn, c'était une soirée achalandée puisqu'on fêtait la lune noire. Lors de son entrée, le Passeur lui offra une miche de pain et monta à l'étage, dans l'ancienne chambre de Lys. Il y resta jusqu'à ce que la fête se termine. Il savait très bien ce qui allait suivre.
Lentement, le Passeur, voilé et encapuchonné se rendit au rez-de-chaussée, puis après avoir déverrouillée la porte, se rendit dans la pièce arrière. Il ne restait plus que les serveurs. Ces derniers s'affairaient à nettoyer l'endroit, puis, habitués de voir l'ombre passer, se concentra sur leurs tâches.
Le Passeur se rendit alors dans l'étable annexée, et après quelques minutes de recherche, trouva ce qu'il cherchait. Le jeune homme était couché dans les foins, les yeux tournés à l'envers, le teint pâle et l'écume qui se dégageait de sa bouche. Il respirait toujours, mais très lentement. Il s'était endormi, au même endroit qu'à son habitude, mais la petite dose de poison avait eût l'effet escompté.
À partir de là, tout n'était qu'une formalité pour l'assassin. Il traîna le corps par la porte arrière de la taverne, jusque dans les couloirs où il logerait à présent, dans le confort de sa cellule...