[Rapport : L'idôlatrie de l'évolution]
Post by Minuit De Ylonen - October 16, 2006 at 8:32 PM
Sur le bureau de l'hydre.
*Nos actions perdurent mais nos raisons de les appliquer changent. Au débat par conviction, en dernier par soumission, l'homme se dresse seul contre lui-même afin d'éliminer le doute qui le pousserait au changement. Certains comme vous et moi avons décidés se brandir le glaive face aux superstitions qui abrutissaient nos us et coutumes. D'autres gardent encore genoux pliés. *
On ne peut que bien comprendre la position de Vallaunius que si nous sommes conscient de son attitude quasiment religieuse vis-à-vis du système systérien. Son attitude à cet égard n’a rien d’exceptionnelle et mérite d’être étudiée plus à fond en tant que phénomène psychosocial important de la culture contemporaine. Le profond besoin qu’éprouve l’homme de ne pas se sentir perdu et isolé dans le monde avait été satisfait précédemment, bien sûr, par l’idée d’un seul dieu, créateur de la forme qu’est la vie, qui s’intéressait instinctivement à toutes ses créatures. Quand ma théorie de l’évolution détruisit l’image de ce dieu comme créateur suprême, la foi en dieu __ ''Père'' tout-puissant de l’homme __ disparue en même temps, quoique certains aient aussi concilié la croyance en Dieu avec l’acceptation de cette même théorie. Mais pour la plupart, comme nous, ceux pour qui ce seul et unique Dieu était détrôné, le besoin d’une image divine ne disparut pas pour autant. Certains reconnurent une autre entité, l’évolution, et se mirent à se questionner sur leur nouveau prophète. Pour moi et beaucoup d’autres, l’idée de l’évolution est devenue le cœur d’un système global d’orientation et de dévotion. Celle-ci s'avérait être la vérité en ce qui concerne notre origine. Tous les phénomènes bestiaux qui pouvaient être abordés et expliqués par des considérations d’ordres économique, religieuse, éthique ou même politique devaient être comprises dans cette perspective évolutionniste. L’attitude __ que j’appellerai ici __ celle de Vallaunius à l’égard du système au trône apparait nettement quand il parle des ‘’ grands constructeurs ‘’ pour désigner la sélection et les mutations. Il parle de méthode et des fins des ‘’ grands constructeurs ‘’ comme le Thaarien parlerait des actes de son dieu. Il se sert même du singulier, ‘’ Le grand constructeur ‘’, se rapprochant ainsi davantage de l’analogie avec Thaar. Rien, sans aucun doute, ne peut mieux exprimer la qualité idolâtre de la pensée de Vallaunius qu’il définit comme l’ascension à l’évolution.
Voilà donc où ils triompheront là où même Thaar et l’homme ont échoué. Les stigmates de l’amour fraternel doivent rester lettre morte, mais ‘’ les grands constructeurs ‘’ lui donneront vie. La dernière de la tirade se termine par une ‘’véritable profession de foi ’’ : Je croyais... je crois... je croirai...
L’aspect social et moral prêché ci-dessus est un paganisme romantique qui tend à obscurcir la compréhension véritable des facteurs biologiques, psychologiques et sociaux responsables de l’agressivité humaine. C’est là que se différencie fondamentalement, malgré les similitudes, leur point de vue respectif sur l’agressivité. Je pense encore sincèrement que la raison est la seule force que l’homme peut encore élever contre nous et qui pourrait le sauver de la confusion et la déchéance. Il prônait la nécessité de la connaissance de soi pas la révélation en se tournant vers la raison... et s’est senti douloureusement faible. Mais il ne s’est pourtant pas tourné vers de nouvelles idoles.
On dira que la religion est le reflet de la société à venir. Un monde de doute et d'hésitation s'ouvrira et confrontera la pensée populaire à la marginalité du progrès. Ce sera à nous, ceux qui ont fait face depuis tout ce temps, de tendre la main à ceux qui, encore, n'osent regarder l'horizon de peur d'y voir une dualité qui les forcerait à prendre position. Ce sera notre devoir de se faire exécuteur de ceux qui retiendront, par la traitrise et l'usurpation, la tête de nos frères qui n'ont plus la volonté de combattre un pareil ennemi. Certains ont, depuis trop longtemps, marché vers des chemins indignes à la puissance qui leur fut conférée.
signé