Mademoiselle au Palais
Post by Cyriel S. Selaquii, Adc - December 17, 2011 at 6:48 PM
La petite demoiselle marchait, très digne, aux côtés du vieux chevalier richement vêtu, qui n'avait rien perdu, malgré l'âge, de sa superbe.
Ces deux là échangeaient quelques mots, remontant l'allée jusqu'au Palais, où ils pénétrèrent tous deux, après avoir été annoncés.
La demoiselle examinait la salle de bal, soufflait quelques paroles au chevalier, sous le jugement ascerbe de la noblesse et de l'aristocratie, dérangée par cette plèbe qui venait les troubler en leurs derniers retranchements. Nichées près du buffet, entre les énormes gâteaux et les gigantesques pièces montées, quelques dames y allaient de leurs remarques et médisances, avides de potins face à ce nouveau visage.
-Ah, le tradescantia, comme c'est criard, comme couleur.
-Ma chère. C'est une couleur de pauvres. J'ai entendu dire que c'était à la mode, en Basse-Ville, et qu'on trouvait de quoi la fabriquer dans la souillure des égouts!
-Oh! Quelle horreur.
*Derrière son éventail, la seconde baissa le ton pour dire à la première. *
-Enfin, ça ne bat pas sa Seigneurie. Après la sobriété d'ascète du dernier Surintendant, voilà qu'on nous envoie un Baron dont les vêtements ont été trempés dans du fumier. Sa pauvre mère en aurait été malade. Elle l'est peut-être, si ça se trouve : si on me forçait comme elle à partir pour la Ligue, j'en ferais une maladie. Surtout que les tensions avec le Saint Empire sont à leur comble... La pauvre doit être incapable de trouver une bonne dentelle, dans ce pays.
-Pensez donc. Celle-là, la nouvelle amante de Sire Al'Kazar, sans doute, vient peut-être de la Ligue : cette robe, on voit clairement qu'il n'y a aucune fantaisie, c'est si sobre que c'en est triste. Cette pauvre fille n'a sans doute jamais vu une modiste brégunienne, c'est à dire une VRAIE modiste, de sa vie.
-La coiffure est si pauvre, c'est d'un triste. Entre une femme avec des moeurs d'homme et une amante si mal choisie, pas de doute, Sire Al'Kazar n'a aucun gout.
-Du Sylveron comme parure... vraiment, on dirait la Marquise, en moins brun. J'ai entendu dire qu'elle et lui étaient en froid. C'est peut-être pour rattraper le coup?
*Le duo de femme richement vêtues s'interrompit. Elles inclinèrent la tête, au passage du duo que formaient le chevalier et son invitée, qui leur rendirent la politesse, avant de reprendre leur conversation. *
**-Peut-être est-ce par tradition ou quelque... prémonition? **
*Captèrent-elles, au passage, alors que le duo remontait vers l'étage. Celui-ci s'attarda dans la salle du trône vide, que le chevalier honora d'une genuflexion, alors que la demoiselle détaillait la scène avec intensité. Le chevalier ne put contenir une loghorrée nostalgique du temps de Cybelle, que certaines oreilles indiscrètes auraient pu entendre, avant que la demoiselle en bleu éclatant ne le tempère. *
**-Sire Al'Kazar, il est des choses qui ne peuvent se dire, encore moins ici. Descendons. **
Fit-elle, alors que le pauvre homme se frottait la tempe, pris, peut-être, de quelque malaise ou migraine qu'aurait amené ses élans nostalgique, d'un passé qui n'était pourtant pas si lointain, mais où il avait eu le loisir de briller pour l'Empire, et pour une Impératrice qui daignait se montrer à son peuple.
Le duo s'attarda à pas lents dans les jardins, après s'être également annoncés à la sortie du Palais. Qu'avaient-ils tant à dire, de quoi pouvaient-ils parler? Aucun aristocrate n'osa trainer d'assez près pour le confirmer. Mais, l'invitation du chevalier à une femme du bas-peuple, pour visiter ainsi le Palais, ferait sans doute jaser. Surtout en ce contexte de réclusion de la noblesse.
Tout cela s'est produit ig. Vous pouvez participer au post, et vos personnages pouvaient être présents, mais, bien entendu, à distance puisque, lors de la scène, nous ne les avons pas croisés ni aperçus. Merci de votre compréhension.