Rumeurs et destinataires...

Rumeurs et destinataires...

Post by Cyriel S. Selaquii, Adc - April 20, 2012 at 5:41 PM

Si toute les incertitudes du monde pesaient sur le poids d'un simple titre de baronne, il n'en restait pas moins qu'une certaine demoiselle avait accès au Palais. Bien que l'Impératrice n'ait jamais fait de cas de la demoiselle, ni daigné la recevoir, rien ne l'empêchait toutefois d'intéresser la nouvelle cour par certaines histoires concernant de grands projets.

Une de ces rumeurs, laissée courir délibérément à l'intention du Prince Feredir, narrait que prochainement, une ingénieure de l'Association débuterait les grands travaux d'une merveille d'Enrya. Quelque immense mécanisme autonome, roue géante où les gens pourraient s'installer pour admirer Systéria des hauteurs. La demoiselle avait vulgarisé le projet, mais était restée vague sur les subtilités du fonctionnement. Assez, du moins, pour piquer la curiosité du prince, espérait-elle. Il ne resterait plus qu'à cette diatribe de faire son effet. Si elle ne pouvait être considérée comme assez puissante ou influente pour approcher de près la famille impériale, nul doute que quelques individus intrigués, fascinés ou divertis par un tel récit le seraient... ! Qui sait... peut-être le Prince Feredir serait-il alors motivé à répondre à son courrier, après coup?

La demoiselle avait également pris le soin de narrer, avec force de détails, le premier épisode de la chasse à courre. On l'entendait donc raconter l'expédition des chevaliers Ekundil et Al'Kazar, du Baron Méliamne et d'elle-même, à travers les tréfonds des grottes carmines communicantes de la jungle. Femme de lettre, elle n'en rendait le récit que plus lyrique. Elle narra comment les prud'hommes baignaient dans le sang des zélotes de Yagshul jusqu'aux chevilles, et comment le Chevalier Al'Kazar vint user du trône dont ils n'avaient plus usage, tous trépassés qu'ils étaient. Elle narra que les lames de la noblesse Systérienne avaient eu raison de plus de grands démons qu'il n'était possible de compter, et comment les hommes de la noblesse avaient répudié par le fer autant de succubes tentatrices. Elle narra comment une salle de banquet purifiée par le fer et la magie regagna son précédent usage, et comment la noblesse guerrière trinqua à Systéria et à son triomphe, dans des gobelets de pyrolithe engravée de l'armoirie du griffon. Après cette petite collation que même les adeptes du banquet de la grande salle auraient lieu d'envier, où les meilleurs vins de Systéria -cuvées d'Amaihel et cuvées Polymaro- avaient été bus, elle relata la poursuite de l'expédition. La chute d'une foule d'élémentaires et autres truands vivant dans cette cité vouée aux cultes du mal, et le grand combat des preux contre les deux poulpes abyssaux émergés du grand lac de la cité maudite... À la fin du récit, la demoiselle glissa tout naturellement un mot selon lequel une seconde chasse à courre aurait lieu, où autant, sinon plus d'engeances, seraient renvoyées d'où elles venaient. Le destinataire de ce récit, qui serait sans doute remâché par la noblesse avide de rumeurs et d'histoires, était évidemment le Prince Maemor, troisième du nom. Qui sait, peut-être lui prendrait-il l'envie d'imiter son ancêtre homonyme, pour la seconde chasse à courre...?

Une troisième rumeur attirait un peu moins de monde. Que les phylanthropes, ou ceux qui voulaient en avoir l'air. Elle évoquait le projet de la Basse-Ville. La demoiselle en narra l'ampleur : l'atelier public était fin prêt, il ne restait qu'à en ajouter des murs, mais l'opération tardait. Cet atelier pourtant prêt à être ouvert autrement, Maitre chez nous, était une charité différemment ordonnée. Au contraire des activités caritatives qui avaient existées, il cherchait à offrir aux moins nantis un début d'autonomie, les moyens d'orchestrer leur propre essor, de créer leurs propres richesses. Il offrirait des matériaux, avec lesquels les moins nantis pourraient apprendre un métier, sous la tutelle d'artisans émérites comme Mesdemoiselles Aerigson, Segal, ou Monsieur Celebrindal. En somme, c'était un projet qui apprenait à pêcher, plutôt qu'il n'offrait du poisson. Car c'était évident : le pain autrefois distribué tout gracieusement tuait à petit feu la boulangère, qui n'achetait plus au couturier, qui n'achetait plus de vin au brasseur, qui n'achetait plus au tonnelier... Car oui, la charité brute avait des effets pervers, et le véritable objectif était de sortir la Basse-Ville du misérabilisme, de conférer à ses habitants une autonomie qu'ils n'avaient jamais pu, d'eux-mêmes, parfaitement saisir. Le projet se complétait de la création d'un jardin, de la consolidation de certains domiciles, maintenant que l'initiative d'Esméral Dusyel pour neutraliser les sols avait été couronnée de succès, et, également, du pavage des rues. Un travail de titan, financé par l'Association et des dons de particuliers... Mais bon, qui sait si la couronne et les intéressés auraient vent de cette idée.

Et, évidemment, le contesté document fourni aux guildes avait commencé à circuler sous le manteau à la Cour. Toute la noblesse était maintenant au courant, quoi qu'il en soit. La demoiselle avait donc trouvé que faire des fameuses copies dont la couronne n'avait pas voulu? Apprécié ou conspué, l'initiative ferait sans doute couler de la salive et de l'encre à la cour et... le rendrait sans doute, tôt ou tard, comme un élément face auquel il serait inéluctable de se prononcer... puisque des gens dotés de titres bien plus importants, ou reconnus comme plus influents que la demoiselle Selaquii, viendraient à en jaser, et que cela remonterait assurément aux oreilles de sa Majesté.


Post by Ex-Lumina - April 20, 2012 at 8:13 PM

*Quoi qu'il en soit des princes, un garde vint dire à Cyriel que son dossier avait déjà été reçu, qu'elle le savait, qu'elle n'aurait aucune réponse pour le moment et que son insistance commençait sérieusement à lui nuire.

D'ailleurs la plupart des nobles "plus importants" et avec des "accès plus privilégiés" lui retournèrent le dossier, dont ils avaient déjà entendu parler ou qu'ils avaient déjà consulté, avec agacement. Ironiques, certains lui demandèrent si elle avait eu plus de réponse des guildes, qui pourtant étaient plus accessibles, et qui n'avaient pas daigner s'occuper d'elle.*


Post by Cyriel S. Selaquii, Adc - April 20, 2012 at 10:10 PM

C'est sans la moindre surprise que la demoiselle reçut la réponse. L'un se gaussa même d'elle, alléguant que la perte de son titre ne serait qu'une question de temps.

À cette raillerie, la rouquine se contenta d'offrir un simple sourire. Cela, aussi, ne l'étonnerait pas?


Post by Saevan Al Kazar, AdM - April 21, 2012 at 4:13 AM

Parlant de rumeurs, il semblerait que Saevan brassait lui aussi quelque affaires, mais l'homme du désert avait de l'experience, il savait que la subtilité le menerait plus loin que tout le reste.