Oeuvres de fiction pour la commande Impériale
Post by Delyna Orlanth, FdC - October 25, 2009 at 5:47 PM
La jeune demi-elfe n'était pas souvent présente. Elle passait nombres de jours, d'heures et de temps au sein de ce qu'elle appelait l'Entre-Monde, laissant son corps à l'abandon au fond d'une grotte, ou caché dans les hautes branches d'un chêne.
Mais à son retour d'un voyage, elle eut le plaisir de voir l'annonce sur la commande impériale et elle se mit rapidement au travail. Après avoir sortie de son sac, son vieil opéra, rescapé d'un voyage ou d'un rêve, elle travailla sur une autre oeuvre et l'afficha au vu de tous. Peut-être celle-ci pourrait-être choisie pour satisfaire la demande du Palais.
La Reine des Glaces
Il était une fois dans un autre monde, Un peuple que l'ont disait le peuple de Feu.
Et au sein de ce peuple, une jeune femme dont le charme était assuré et qu'on convoitait pour son verbe, parfois un peu acide, mais fort divertissant.
Or, alors que les années s'égrênaient lentement, il advint que cette jeune femme, qu'on appelait Lucille, finit par commettre quelques impaires.
En ce peuple de feu, il était exclu qu'une telle chose arrive. Car la jeune Lucille s'était intéressée à l'Eau et à ses membres.
On conspua la jeune femme, on lui manda de faire un choix. Serait-elle d'eau ou de feu ?
Nulle question de changer, la jeune flamme retourna chez les siens, sa curiosité inassouvie, l'esprit préoccupé.
De son incartade sur le territoire de l'Eau, on se mit à soupçonner la jeune Flamme d'être plus encore qu'une simple exploratrice.
On se méfiait d'elle, on s'en défiait.
Blessée par les regards, par les chuchottements, elle se replia sur elle-même et bientôt... il n'y eut plus de petits mots acides mais charmants, plus de lumière dans ses yeux... Son coeur de flamme finit par s'éteindre et se glacer.
Dans l'ombre des Peuples d'Eau, de Terre, d'Air et de Feu, il existait un peuple d'ombres, celui des Glaces.
Ce peuple naissait des désillusions des uns et des autres.
A la tête de ce peuple, il était un Roi, sage et paisible, qui se contentait de jeter l'hiver sur les landes à interval régulier sans aucune pitié ni considération pour les autres peuples, simplement parce que c'était ainsi. Il en avait le pouvoir et sans haine, il le prenait.
Or, ce roi posa les yeux sur Lucille et dans son coeur de pure cristal, il sentit une petite vibration. Amoureux d'elle, il lui fit une cour presque enflammée et sous couvert des ombres, il l'épousa et en fit sa Reine.
Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Car cela n'aurait pas grand intérêt, vous l'avouerez.
La Reine des Glaces avait en son coeur un profond désir de vengeance et entendait bien s'y abandonner. Elle reprit des forces à l'appuie de son époux bienveillant et bientôt son charme refit surface. Les Flammes qui autrefois l'avaient aimé, se reprirent à lui faire des avances.
Voulaient-ils la ramener au sein du peuple du Feu ? Peut-être... mais ce furent eux qui se brûlèrent les ailes.
Car le baiser de la Reine des Glaces était mortel pour les Flammes... et bientôt des statues de glace poussèrent dans son jardin.
Il advint un jour un jeune garçon que les Flammes animaient encore et dont la candeur était une offense à la majesté des ombres.
Forte de ses expériences passées, elle s'introduisit auprès du jeune sire et entreprit de faire sa conquête. Son verbe et sa fougue finirent par payer et le jeune homme fut bientôt sous son charme.
Mais...
Car dans toute histoire, il y a un "mais". Mais il s'avéra que la Reine elle-même fut bientôt sous le charme du jeune homme.
Oh bien sûr, rien à voir avec l'amour qu'elle portait à son époux. Ce charme-là était né de leurs passions communes pour les Arts et les Lettres. Des nuits étoilées passées ensemble à observer le ciel, des jours entiers à chevaucher côte à côte pour aller dénicher le dernier ouvrage.
Haec... elle était sous son charme et c'est alors qu'il s'abandonna.
-
Lui prendras-tu la vie, ma Lucille ?
-
Mon Roi ! Toi... ici...
Lucille, acculée, sentit le feu embraser ses joues. Elle jeta un regard au jeune homme étendu à ses pieds, que la magie de l'Hiver avait jeté dans les affres du sommeil puis elle leva les yeux vers son époux.
- Lui prendras-tu la vie, ma douce épouse ?
Sa voix était tendre. Ca n'était pas un ordre, juste une question, une simple question. Sans colère, sans rage, juste une question.
Elle revint sur le jeune garçon et lâcha un soupire.
-
En feras-tu une statue de glace mon aimée ?
-
Non.. je ne le puis.
Le Roi des Glaces hocha la tête longuement puis il sourit.
Sa Reine se pencha alors sur le jeune garçon et déposa un baiser chaste sur son front, le marquant à jamais de son sceau protecteur.
- Retournes ma Flamme, retournes dans le feu qui te consumera de bonheur, de plaisir et de vie. Ici, il n'y a que l'Ombre et le froid pour t'accueillir en son sein. De grâce, souviens-toi toujours de la petite Lucille avec qui tu courrais de bibliothèques en bibliothèques... ne m'oublies pas.
La Reine des Glaces rejoignit son tendre époux qu'elle aimait plus que tout au monde.
Dans la lumière du matin, une Flamme s'éveilla dans un petit coin de printemps. Surpris d'être en vie, surpris d'être bien.
Dans le jardin près de lui, d'autres hommes s'éveillaient, vide de mémoire des derniers mois, mais vivants.
La Reine des Glaces ne fit plus jamais entendre parler d'elle. Mais on raconte que les soirs d'hivers, quand le jeune Flamme était trop nostalgique de son aspellor disparue, il lui semblait sentir sur son front, les lèvres tendres d'une douce jeune femme et un murmure lui caresser la nuque : ne m'oublies pas.