[Opéra] La Mort Amoureuse

[Opéra] La Mort Amoureuse

Post by Eloëdyn, Fdc - October 25, 2009 at 7:09 PM

*Il ne voyait pas pourquoi il serait le seul à juger, tous avait ce droit là. *

La Mort Amoureuse

SCENE I
Où la mort s’éprend de l’innocence

Le Narrateur entre sur la scène. Il se place à gauche. Il attend quelques temps, ouvrant les bras l’un après l’autre, tel un maître de ballet posant son décor.

Narrateur : Posons ici le décor
Prenez quelques arbres et fleurs
Baignons les d’un soleil d’or
Allumant ici de ses premières lueurs.

Car c’est toujours au petit matin
Que notre histoire se fait belle
A l’heure où s’endorment les assassins
Et que sortent les belles pucelles

Une jeune fille habillée de robe sage entre alors à son tour. Elle porte un panier à son bras et cueille ici et là quelques fleurs. Elle se doit d’être douce et innocente. En silence et discrètement, deux autres personnes entrent également en scène. Elles portent la toge des faucheurs. Une se place tout près de la jeune femme, l’autre se tiendra en retrait, à droite de la scène.

Narrateur : Voici se promener ici notre belle victime
La voici innocente et pure
Incapable d’imager que même sans une rime
Elle verra sa vie subir un coup dur

Mais approchons-nous un peu
Laissons se dévoiler à nos regards
L’attention effrayant du définitif adieu
La mort est là… elle veillera jusqu’au soir

La mort, proche de la jeune fille apparaît. Elle se penche sur la pucelle, renifle son parfum, la caresse sans la toucher.

La Mort : Douce enfant… pleine de vie
Ton parfum m’enivre.. je me sens attirée
De mordre dans ton sein j’ai l’intense envie
Me voici forcé de l’avouer…

Mais tu n’es pas encore à moi
Il va me falloir ruser
Car je te veux mourante d’émoi
Je te veux sous mes doigts abandonnée

La jeune fille, n’imaginant pas que la mort s’intéresse à elle, se met doucement à chantonner. Sa voix est pure et la Mort, à ce chant, ondule de plaisir et d’extase.

Selyna : Moi qui ne suis qu'un bout de femme
un corps emplit de fièvre
avec tous ces états d'âme
vouloir juste baiser tes lèvres

Je suis une petite plume
et je reprends mon chemin
Je parlerai encore à la lune
avant qu'elle ne meurt au matin

Deux hommes, deux amis visiblement, forts de rires et d’éclats de voix entrent à leur tour. Bras dessus, bras dessous, ils sortent visiblement d’une nuit d’ivresse. Ils s’arrêtent brutalement, hypnotisés par la douce voix et la fraîche vision. Ils sont tous deux bien habillés et portent à leur hanche une même épée. La seconde mort apparaît alors et s’approche des deux hommes, et leur tourne autour avec appétit.
Les acteurs se figent comme s’ils étaient des statues. Le narrateur s’avance.

Narrateur : Là… voyez comme la scène se place
Bientôt nous aurons boucler ce premier chapitre.
Mais laissons se figer l’image fugace
De la mort amoureuse derrière sa vitre

Approchons-nous encore un peu
La jeune fille et sa mort
Ne seront pas nos seuls amoureux
Car deux hommes s’ajoutent au décor

Tous les acteurs, y compris le narrateur sortent de la scène. Un musicien égrène quelques notes.

SCENE II
Où la mort s’éprend de la haine

Le narrateur rentre à nouveau. Il se place à droite de la scène. Il semble à nouveau placer le décor, faisant tourner ses bras en invitation.

Narrateur : Nous avons vu la mort s’éprendre
Dans notre premier volet.
Mais l’innocence ne suffit pas à se faire prendre
Ne nous éloignons pas du sujet

Voyons un peu comment la mort
Se fera tentatrice pour capturer
Sans une once de remords
Ceux qui ont l’heur de s’en faire aimer

Les deux morts entrent, visibles, dansant légèrement comme ondulant sous une brise de vent. Entrent alors la jeune fille accompagnée d’un des deux jeunes hommes. Les deux morts d’approchent du couple, leur tournant autour avec gourmandise.

Faebus : De grâce madame, ne refusez point
Que mes soupires s’éprennent de vous
Je brûle de nous coucher dans le foin
Et de baiser vos sages genoux

Laissez-moi relever vos jupons
Glisser ma bouche sur vos lèvres
Vous donnez le plus grand frisson
Vous inonder de fièvre

Selyna, outrée, se retourne et le gifle vivement. Faebus sourit. Il en a vu d’autres et est très certainement blasé. Les deux morts s’écartent du couple.

Selyna : Croyez-vous vraiment, monsieur
Avoir affaire à catin après vous soupirant ?
Vous outragez de votre vue mes sages yeux
Je vous somme de disparaître céans.

Jamais encore, on ne m’avait fait tel outrage
Croyez bien que je traînerai votre nom
Devant tribunaux et nobles sages
Qui sauront vous faire entendre raison

Le jeune homme hausse les épaules et la laisse s’éloigner de quelques pas. Il se tourne alors vers le public. La mort semble prendre des mesures, calculant avec ses pouces une distance entre Selyna et un point invisible. L’autre mort observe Faebus et lui tourne autour.

Faebus : Que croit donc cette péronnelle ?
Que sa pureté est sa plus grande qualité ?
J’ai outragé plus de pucelles
Qu’elle ne saurait l’imaginer

Je le jure sur ma tombe
Cette petite catin le sera ce soir
Je la coucherai sous quelques secondes
Je ferais d’elle le plus soumis des regards

La mort s’approche de Selyna, et glisse derrière la jeune fille une grosse pierre. Assez loin pour qu’elle ne s’y prenne pas les pieds, assez près pour qu’elle puisse s’y cogner. Entre alors le second jeune homme qui s’approche de son camarade en le saluant d’un geste avant d’apercevoir Selyna. L’autre mort se met à tourner autour des deux hommes, agitant les bras comme si le vent la faisait onduler.

Castel (au public) : Mes yeux… ne me mentez pas
N’est-ce là ma douce vision ?
Ah mon cœur tu tombes en pâmoi
Mais retiens-toi je te prie.. domptes ton émotion

C’est elle… la jeune fille que j’épouserai
C’est elle… la pucelle qui me fait trembler
Elle met mon âme aux arrêts
Il me faut trouver le moyen de lui parler

Faebus s’approche de lui, fronçant les sourcils.

Faebus : Reprends-toi, Castel voyons !
Elle n’est rien d’autre qu’une petite pucelle
Avec deux ou trois bons mots et jolis sons
Tu ne ferais qu’une bouchée d’elle.

Allons, allons, reprends-toi Castel,
Te voir amoureux, me désole
Faut-il que je rudoie ta pucelle ?
Faut-il que je lui ôte sa camisole ?

La mort s’approche du duo et recommence à leur tourner autour. Les deux garçons se mettent position de combat, sans se taper dessus cependant. Mais ils sont près à en découdre.

La Mort 2 : Oh mes yeux, ne me trahissez pas
J’entends déjà leurs cœurs mourir
Et leurs gorges se déchirer sous mes doigts
Je vois leur vie défaillir

Je jure, oh oui, je le jure
Que demain avant l’heure noire
Vous serez tous deux parjure
De votre amitié et de vos déboires

Les acteurs se figent. Les deux garçons sur le point de se taper dessus, la mort, semblant les encourager, Selyna plus loin, pensive, la mort penchée sur elle.

SCENE III
Où la mort est l’unique gagnante.

Le Narrateur se rapproche du milieu de la scène.

Narrateur : L’histoire se met en place
Voyez comme nos acteurs se figent
La haine, sur leurs âmes laisse sa trace
La mort d’un sourire s’érige

Encore quelques proses
Et le sang, brûlant, jaillira
Leurs tombes, on couvrira de roses
Mais tous morts… qui pleurera ?

Les deux hommes s’empoignent. Ils tournent jusqu’à se placer non loin du rocher placé plus tôt par la Mort.

Castel : Faebus, Faebus… tu te crois beau
Mais regarde bien… tu es seul
Faebus… tu peux toujours cracher tes mots
Ce soir tu mangeras ton linceul

Je n’en puis plus de tes sarcasmes
Je ne supporte plus ta présence
Encore un ou deux spasmes
Et tu laisseras place au silence

Faebus : Tu joues les coqs de basse court
Castel tu n’es pourtant qu’un pourceau
Tu n’oses même pas parler d’amour
Et tu resteras à jamais puceau

Regarde la, la petite donzelle
Elle ne t’accorde pas même un regard
Va t’en donc faire la vaisselle
C’est sous mon corps que toutes s’égarent

Ils tirent leurs lames et se mettent en joue.

Selyna : Avez-vous tous perdus la tête ?
Ranger vos rages et vos querelles
Sinon c’est la mort qui fera la fête
Et se gaussera de nos tourments éternels

Allons allons, je ne suis à aucun de vous
C’est aux Cilias que j’appartiens
L’amour ne sera jamais aussi doux
Qu’une simple pensée dénuée de dédain

Faebus a un sourire puis il se jette sur elle, l’embrassant goulûment sous un cri de rage de Castel.
Castel s’interpose entre les deux et les sépare violemment. Furieux, il se jette sur Faebus. Les deux hommes ne verront pas que la jeune fille vient de se taper la tête contre le rocher.
La mort se penche sur Selyna et lui sourit.

La Mort : Ma douce, ma chérie, mon amour
Te voilà enfin à moi
Il suffit parfois d’attendre son tour
Pour profiter de tes beaux émois

Viens ma belle, laisses ces idiots mourir
A présent tu m’appartiens
Tu avais raison, tu peux en sourire
C’est la mort qui remporte les gains

Castel frappe à mort son ami Faebus qui tombe à genoux, une lame dans la poitrine.

Faebus : ah… Cruelle ironie
C’est sur ton sein que je rends le souffle
Je meurs… je meurs mon ami
Et c’est de toi que je souffre

Aller, ne pleures pas
Dis-toi que j’ai bien profité
Ce baiser, je ne regrette pas
J’aurais fait pire… promis juré

Il tombe face contre terre, la mort s’approche de lui.

La Mort : Relèves-toi Faebus… ce jour tu es à moi
Je t’ai aimé dès le premier instant
Je savais que tu jouerais tel un roi
L’acte final de cette scène et de ce moment

Viens Faebus et embrasses la Mort
Car nul autre que moi ne te pleurera
Viens Faebus et renonces à tes remords
Plus jamais, de la vie tu ne profiteras

Castel reprend son souffle. Il se tourne vers Selyna et la découvre morte. Un hoquet de stupeur le saisit. Il se tourne vers son ami et le découvre mort…Il tombe à genoux.

Castel : C’est… ma faute… j’ai tué
Est-ce que je mérite de vivre après ça ?
Oh Selyna… tu étais ma belle mariée
Et toi Faebus… le bouffon du roi

Je vous en prie… revenez-moi
Je me ferais votre esclave
Je vous en prie, pardonnez-moi
Je ferais amende honorable

Castel sanglote, à genoux près des deux cadavres. Le narrateur s’avance.

Le Narrateur : Hélàs… aucune rédemption n’est à attendre
Pour celui qui a tué l’amour et l’amitié
Il ne lui reste qu’un cœur en cendre
Et le suicide pour destiné.

D’un geste il prendra son épée
Et dans son ventre, il la plantera
Et la mort posera son baiser
Sur le dernier souffle qu’il expirera

Les acteurs mettent en scène ce que le narrateur dit.

Les Morts : Venez nos amours, nos chéris
Oubliez donc vos tristes vies
A compter de maintenant, c’est dit
C’est à la mort que vous donnerez vos nuits

Faebus, tu donneras le meilleur de tes palabres
Selyna, tu nous offriras tes douces prières
Castel, tu pleureras tes sanglots macabres
A présent… rendons-nous au cimetière

Tous se relèvent et suivent les deux morts. Ils sortent de la scène. Ne reste que le Narrateur.

Le Narrateur : Dénouement funeste
Mais y pouvait-il avoir une autre fin ?
Des trois, rien ne reste
Quelques os, un zeste de chagrin

Las mes amis… prenez garde à l’avenir
De vous tenir loin des sentiers
De la mort amoureuse et de ses désirs
Il est forcément mortel… son tendre baiser.

FIN


Post by Esmeralda - October 26, 2009 at 12:41 PM

Pas mal du tout ça!!!!