Quand la fatigue vous prend...

Post by Ärold, AdC - January 6, 2010 at 12:10 AM

La flamme de la bougie s'éteignait. Une autre vint remplacer celle qui venait à peine de se terminer de consommer, le bâton allant s'ancrer dans la cire encore chaude. La seule lueur encore présente dans la pièce, accompagné du grattement de plume.
Pourtant la main n'allait pas avec cet instrument que l'on voulait de prestige, trop grande auraient dit certains, trop grosse auraient dit d'autres, et pourtant cette main gauche travaillait sans cesse, blessant le parchemin de ce sang si noir.

Le géant passa un instant deux doigts à ses yeux, un picotement désagréable venant prendre ses pupilles. Ses paupières le brûlait, et pourtant il n'avait pas la résolution de s'abandonner à sa fatigue. C'était peut être la cinquième fois, ou bien la huitième, qu'Ärold recopiait une des multiples scène de l'opéra et de la pièce comique, soulignant les répliques, afin que tous puisse avoir le minimum d'organisation pour parfaire son rôle.

Isolé, Ärold c'était trouvé un endroit ou personne ne pourrait le déranger durant ses écrits, travaillant sans cesse, faisant fonctionner ses méninges à pleins temps. Pourtant cette fois-ci quelque chose le gênait. Peut être la faim qui criait dans son ventre, ou sa vessie un peu trop pleine, ou tout simplement la crampe qui commençait à s'immiscer dans son bras. Quoi qu'il en soit, Ärold détacha un instant ses yeux du parchemin pour regarder au dehors: une nuit bien claire, la lune bien visible en son premier quart. Les pensées du géant divaguèrent un instant, laissant la plume tâcher le futur parchemin qu'il allait remettre. Comment se passait le rite du totem? L'on allait dans un endroit, on s'isolait, en espérant voir son totem arriver?

N'était ce pas ce qu'il faisait, à rester cloitrer dans son coin, écrivant, raturant ces pauvres parchemins qui ne lui avaient rien fait. Et pourtant, ce n'était peut être pas comme cela qu'il fallait procéder. Oh non! Ärold n'était pas prêt et était encore loin des objectifs qu'il c'était fixé pour aller chercher son totem. Simplement il aimait bien savoir, se renseigner avant de pouvoir à son tour, découvrir les joies de ce rite si particulier. Il s'imaginait déjà l'animal qu'il allait voir, peut être un canidé, une bête féroce! Ou un animal vivant longtemps? Ärold n'en savait rien à vrai dire, mais plusieurs fois il rêvait de ce moment qui lui semblerait intense en émotion, comme lorsque l'on devient réellement un homme.

Le géant s'étira parès ses élucubrations somnambules, alors que la bougie qu'il venait de mettre c'était déjà à moitié consumée. Il souffla dessus, se levant, dans un craquement de chaise et de dos. Journée harassante que de rester assis sans bouger. Ses jambes étaient engourdies. Ärold décida de faire un tour dans le quartier, malgré la nuit bien entamée.

Besoin de souffler, de toute la pression qu'il pouvait se mettre. Le vent nocturne soufflait sur sa barbe grisonnante, quel âge avait il? Des questions auxquelles il n'aurait jamais de réponses. Ses yeux brillaient un peu plus, le géant ne savait même pas si les autres de la fraternité avaient remarqué ses petits détails étranges, peut être qu'un jour... il leur dirait...

Il entendait la harpie au loin, et s'égayait de ne pas habiter à côté de cette vilaine créature, qu'il trouvait ça laid une harpie! Mais quelque chose d'étrange se produisait au fur et à mesure qu'il marchait dans le quartier, ses jambes devenaient coton, son esprit s'embrouillaient, même sa vue semblait ne plus trop discerner la droite de la gauche. Puis, sans prévenir, il s'effondra...

... de fatigue, dormant comme un bébé, à même le sol, qu'un passant aurait pu le croire mort.

Il n'y avait pas que du bon à travailler tout le temps!